La dysplasie est une maladie qui touche préférentiellement les chiens de grande taille. Qu'elle affecte les hanches ou les coudes, c'est une maladie douloureuse qui peut entraver considérablement la motricité de l'animal atteint.




DEFINITION:


"Il s'agit d'une affection congénitale, caractérisée par un défaut de développement de l'articulation coxo-fémorale et donc une mauvaise correspondance de la tête fémorale et de l'acétabulum."

En plus clair, l'articulation de la hanche est constituée de deux piéces: la tête du fémur, ronde, vient se loger dans la cavité articulaire du bassin, creuse (acétabulum). Lorsque la hanche est dysplasique, ces deux pièces s'emboîtent mal. Cette mauvaise "coaptation" peut être due à :

- une anomalie de la forme et du volume de la tête et du col fémoral
- une anomalie de la forme et du volume de la cavité acétabulaire
- une hyperlaxité ligamentaire précoce
- une antéversion de la tête et du col fémoral
- une augmentation de l'angle céphalo-cervico-diaphysaire


Ces anomalies entraînent un fonctionnement irrégulier de l'articulation instable, qui va progressivement être "abimée" par ces mouvements anormaux: lésion des cartilages et apparition d'arthrose qui va s'aggraver au cours du temps. C'est ce résultat final qui est néfaste pour le chien et entraîne douleurs et difficultés motrices.


La gêne accasionnée par ces lésions est très variable selon les individus et n'est pas proportionnelle au degré d'atteinte.



SYMPTÔMES:


Il n'existe à ce jour qu'un seul moyen de savoir si un chien est dysplasique ou pas: la radio. Cependant certains signes peuvent orienter le diagnostic vers cette maladie. Parmi les signaux d'alerte on note:

- boiterie
- sautillement
- déhanchement
- roulement des hanches
- membres fortement engagés sous le corps
- membres fortement étendus vers l'arrière
- arrêt en plein milieu d'un effort
- refus d'obstacles
- difficultés à se lever, monter les escaliers
- course en saut de lapin
- amaigrissement du train postérieur
- bassin anguleux .....


En raison de sa définition, la maladie évolue lentement et ne survient pas d'emblée chez un chiot mais apparaît progressivement au cours de sa croissance.





CAUSES:


La dysplasie est un phénomène complexe aux causes multiples.

-La théorie d'une transmission héréditaire est la plus couramment admise. Elle a débouché sur la mise en place de plans d'éradication de la part des clubs de race, passant par le dépistage radiographique systématique des reproducteurs. Les chiens stade "D" et "E" sont écartés de la reproduction et les stades "C" ne doivent être accouplés qu'avec des "A".

-des facteurs environnementaux sont également incriminés:

- L'alimentation: on sait en effet que les chiens suralimentés et trop fortement complémentés en minéraux et vitamines ont une croissance excessivement rapide, ils deviennent vite trop lourds avant l'ossification complete des os!
- L'exercice: trop violent ou excessif, il peut causer des traumatismes articulaires néfastes!
- environnement: sols glissants sur lesquels le chiot patine ....


Cependant, en l'état actuel des connaissances, des facteurs environnementaux défavorables ne peuvent induire à eux seuls l'apparition d'une dysplasie chez des individus non prédisposés par leur patrimoine génétique!





DIAGNOSTIC:


Il est avant tout radiologique. Pour faire une bonne radiographie, le chien doit être anesthésié complètement afin d'obtenir une relaxation maximale. Le chien est alors placé sur le dos, les hanches tirées complètement, les fémurs placés parallèlement entre eux et à l'axe longitudinal du chien, enfin les rotules doivent être au zénith.
Sur cette radio vont être étudié:

- la forme des têtes fémorales
- la forme des acétabulums
- l'état articulaires
- la présence ou non d'arthrose
- l'ange le Norberg-Olson (N-O) qui mesure la laxité ligamentaire et musculaire de l'articulation, permettant ou ne permettant pas une bonne coaptation (emboitement de la tête du fémur dans la cavité du bassin)




schémas trouvés dans chien sans laisse n°162


mesure de l'angle de Norberg-Olson



Selon les lésions observées, on classe les dysplasies en différents stades:

Stade A: Aucun signe de dysplasie: bonne coaptation entre la tête du fémur et l'acétabulum, angle de N-O > 105°

Stade B: Etat sensiblement normal: correspond à 2 possibilités, soit une coaptation de bonne qualité mais avec un engle de N-O compris entre 100 et 105° soit une coaptation imparfaite avec un angle N-O > 105°

Stade C: Dysplasie légère: coaptation imparfaite avec un angle de N-O compris entre 100 et 105°. Présence éventuelle de légers signes d'arthrose sur l'acétabulum, le col ou la tête de fémorale

Stade D: Dysplasie moyenne : mauvaise congruence et angle de N-O compris entre 90 et 100°. Modifications possibles du rebord acétabulaire crânio-latéral et/ou signes d'arthrose.

Stade E: Dysplasie sévère: Subluxation ou luxation articulaire, angle de N-O < 90° possibilité éventuelle de modifications arthrosiques majeures.






TRAITEMENT:


Il est avant tout dicté par les signes cliniques et non radiographiques. En effet, certains chiens présentent de graves lésions d'arthrose à la radio sans pour autant présenter de douleur importante de boiterie ou d'amyotrophie (diminution de la masse musculaire). A l'inverse des chiens présentent une douleur sévère alors que les signes radiographiques ne sont pas spectaculaires.
La dysplasie ne se guérissant pas, le traitement consiste essentiellement à éliminer la douleur.
Plusieurs techniques sont utilisables:

1) Le traitement médical à l'aide d' anti-inflammatoires non stéroïdiens associés à des chondroprotecteurs qui permettent de ralentir l'évolution de l'arthrose et de réduire la douleur en agissant en synergie avec les premiers.


2) Le traitement chirurgical: plusieurs types sont possibles et choisi en foncion de l'âge du chien, de l'état de son articulation et du budget de son propriétaire:


- La résection: c'est à dire le retrait de la tête et du col du fémur. L'articulation disparait alors et le membre n'est plus maintenu que par des muscles . Cette intervention est envisageable sur des animaux légers et bien musclés
-La triple ostéotomie du bassin: consiste à découper les os du bassin afin de replacer correctement la tête du fémur et de recréer ainsi une articulation correcte. Elle ne peut être pratiquée que sur des chiens ne présentant pas encore d'arthrose.
- Mise en place d'une prothèse de la hanche: reste peu répandue en raison de son coût élevé mais elle présente cependant la solution idéale puisque la récupération est immédiate et les soins post-opératoires limités.
- Myotonie des pectinés (préconisée dans le cadre de la suppression de la douleur): on sectionne des muscles que la maladie concourt à contracter en permanence, ce qui soulage l'animal mais de façon temporaire (de 6 mois à 2 ans)
-Dénervation de la capsule articulaire: consiste à supprimer toutes les terminaisons nerveuses sensitives provenant de l'articulation et donc d'annuler toute sensiblité.

Quelque soit le traitement envisagé, il faudra ensuite respecter une hygiène de vie stricte:

- pas de prise de poids, voire un amaigrissement pour les chiens pésentant une surcharge pondérale.
- exercice modéré mais régulier afin d' entretenir une musculature correcte sur les postérieurs afin de stabiliser l'articulation au maximum. La natation représente le meilleur exercice pour muscler les postérieurs sans surcharger l'articulation.



Dans tous les cas, la mise en oeuvre d'un traitement, quelqu'il soit, doit découler d'une démarche raisonnée et prise après discution avec le vétérinaire car certains chiens peuvent vivre très confortablement même à un stade avancé de dysplasie!






PREVENTION:


Elle passe avant tout par le contrôle des reproducteurs et l'utilisation d'animaux indemnes. Statistiquement voici ce que donnent les accouplements suivants:


Type d'accouplement Résultats approchés
Dysplasiques X dysplasiques 75% chiots dysplasiques
25% chiots non dysplasiques
Dysplasiques X non dysplasiques 50% de dysplasiques
50% de non dysplasiques
Non dysplasiques X non dysplasiques 75% de non dysplasiques
25% de dysplasiques


Lorsque l'on fait l'acquisition d'un chiot dont la race est fortement touchée, si ses parents sont indemnes de la maladie, le risque est donc moins grand, BIEN QU'IL NE SOIT PAS NUL, que le chiot le soit aussi.

Il est donc vivement recommandé de demander à l'éleveur un certificat OFFICIEL, radios lues par le lecteur officiel du club et non pas par un vétérinaire quelconque , attestant que les parents du chiot sont stade "A" ou "B".







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